Portrait de Julie Veissiaire

Julie Veissiaire Ostéobanque

Le parcours de Julie Veissiaire

Julie Veissiaire a 38 ans ; elle est l’heureuse maman d’une fille de 11 ans.

Après s’être engagée dans un cursus à lécole d’infirmières de Clermont-Ferrand (63), réussi en 2007, elle commence sa carrière au Centre Hospitalier Universitaire Gabriel Montpied, dans l’équipe orthopédique dirigée par le Professeur Stéphane Boisgard, au bloc central, . C’est là qu’elle va affiner sa vocation pour exercer en tant qu’infirmière de bloc opératoire. Après avoir réussi le concours, elle suit donc une spécialisation complémentaire IBODE (Infirmière de Bloc Opératoire Diplôme d’Etat), dont elle est diplômée en 2015. Cette formation se déroule en alternance, entre cours théoriques et stages en blocs opératoires.

L’expertise de Julie Veissiaire

Forte de cette expérience, elle va élargir ses connaissances en prévention, gestion et conduites des risques infectieux. Diplôme en poche, elle réintègre l’équipe d’orthopédie du CHU. Sa mission principale consiste alors à coordonner les soins liés au processus opératoire. Portée par une envie de progression en responsabilités, elle accepte le poste de « faisant fonction cadre infirmier », et gère désormais l’encadrement des ressources humaines tout autant que la régulation des activités opératoires. Ses 15 années d’expérience en tant qu’infirmière de bloc opératoire en font la candidate idéale pour l’Ostéobanque. Stéphane Boisgard et Roger Erivan lui proposent d’intégrer l’association en septembre 2021. Convaincue par la mission d’utilité publique menée et avec l’expertise qu’elle a développée, Julie Veissiaire accepte sans hésiter. Dès lors, elle devient la coordinatrice médico-technique de l’association.

L’action de Julie au sein de l’Ostéobanque

Sous le contrôle de Mme Brigitte Limoujoux, responsable de préparation de l’Ostéobanque, Julie est en charge de la gestion et du contrôle des centres de prélèvements. Elle supervise également l’action et les ressources techniques au sein de la banque de tissus. Au quotidien, elle organise les liens inter-centres et suit leurs activités respectives. En contact permanent avec ses différents interlocuteurs, elle répond à leurs questions et met en place des processus pour organiser la greffe. C’est aussi elle qui planifie les déplacements de l’équipe mobile de prélèvements de tissus dans les autres coordinations. Ses interlocuteurs peuvent être cadres de santé, infirmières de bloc ou référentes, secrétaires, voire les chirurgiens eux-mêmes. Sa connaissance du terrain représente donc un atout considérable. Elle est en mesure de renseigner chacun à hauteur du niveau d’information dont il a besoin. Julie connait tant les pratiques que les informations sur le matériel et le champ opératoire.

La mission de l’Ostéobanque

L’Ostéobanque est une banque de tissus associative. Créée par des chirurgiens orthopédistes bénévoles, elle est au service d’autres chirurgiens. L’activité se concentre sur la préparation, la conservation et la distribution de tissus musculosquelettiques, c’est-à-dire les tendons, ménisques, os …

« Notre rôle est de prélever et mettre à disposition des tissus pour les rendre disponibles à ceux qui en ont besoin », explique-t-elle. « Nous faisons du cas par cas selon la demande du chirurgien qui nous sollicite. Lorsque nous recevons une prescription, je vais choisir un greffon qui peut correspondre aux besoins retranscrits. Il faut être attentif aux dimensions : ce sont les critères de longueur, largeur, diamètre et nature du tendon qui vont conditionner la compatibilité pour le patient. Nous avons parfois des pièces très spécifiques : un ménisque interne droit par exemple ne pourra être remplacé par un ménisque gauche. Cette complémentarité parfaite explique le besoin que nous avons pour les ménisques : aujourd’hui nos stocks ne suffisent pas. Et malheureusement, cela se traduit par des délais importants pour les patients en attente» rappelle Julie Veissiaire, particulièrement sensibilisé au déficit de donneurs.

La greffe d’os massive

Dans le cadre de la greffe d’os massive, on distingue deux types : d’une part, la greffe de comblement : on comble une perte de substance, la nature de l’os est alors peu importante. D’autre part, la greffe structurale pour laquelle un os doit etre remplacé par le même os. La courbure est donc très importante. Toutefois, les greffes de tissus restent moins restrictives qu’une greffe de cœur par exemple.

« Il faut imaginer la greffe comme un tuteur pour une fleur : il va permettre à la fleur de grandir par elle-même. Le patient recolonise le greffon avec ses propres cellules ; cela permet de revivifier les tissus ».

Julie Veissiaire

Le cadre du don

Globalement, la greffe est une activité très réglementée. Les trois grands principes du donsont le consentement présumé, la gratuité du don et l’anonymat entre le donneur et le receveur. Bien sûr, tout le monde ne peut pas être donneur. Ainsi, il existe une fiche opérationnelle qui présente l’ensemble des contre-indications, entre autres en cas de maladies infectieuses. Toutefois, cela représente un nombre considérable de donneurs potentiels qui l’ignorent.

Deux cas de figures se présentent :

Le don de son vivant :

Il est possible de réaliser un don de tissus à l’occasion d’une pose de prothèse totale de hanche. Le consentement du patient est requis pour donner sa tête de fémur à des fins thérapeutiques. Celle-ci est ensuite cédée à un laboratoire qui nettoie, traite et transforme. Elle subit ensuite un traitement de viro-inactivation visant à réduire à néant les risques d’infection par les virus ou bactéries. Cette étape, prouesse d’ingénierie pharmaceutique, concilie préservation du greffon et niveau de sécurité optimal. Le traitement du greffon assure la sécurité microbiologique et conserve les qualités exceptionnelles de l’os humain. Dès lors, la tête fémorale revient alors sous forme déshydratée, réduite en fragments ou en forme anatomique.

L’ostéobanque met ensuite à disposition ce produit, appelé ostéopure, qui sert à combler une perte osseuse ou permet de stimuler les cellules. Cette solution alternative suffit, parfois, à mettre fin aux douleurs du patient, sans recourir à une opération plus lourde.

Le don après la mort :

Par ailleurs, dans le cadre d’un donneur décédé, il est important de savoir que chacun est donneur par défaut tant qu’il n’y pas d’inscription au registre national de refus. Suite à une mort encéphalique, les équipes vérifient en premier lieu cette inscription. Le famille est interrogée, si la personne n’a pas fait acte de son refus. Il est pris en compte toutes les informations pour guider cette lourde décision. En cas de volonté de don, les tissus viennent en bout de course ; car les organes vitaux sont sollicités en premier lieu. La liste est longue et les tissus arrivent à la fin du questionnaire.

« Le moment est très éprouvant. Les proches sont en plein deuil et cette sollicitation pèse beaucoup. C’est pour cela qu’il faut en parler de son vivant, pour faciliter les choix le moment venu. Certes, le don de tissus est fonctionnel et non vital, mais il reste tout aussi important. Nous avons le pouvoir de changer une vie grâce au don » insiste cette jeune cadre, portée par ses convictions après avoir assisté à nombre de greffes salvatrices.

Le cycle de la greffe

Un greffon arrive toujours stérilement à la banque. Il est prélevé en bloc opératoire, dans un environnement où l’air, l’eau et les instruments sont contrôlés. Le personnel est formé ; les procédures sont maitrisées. Dans la plupart des cas, les prélèvements sont réalisés par l’équipe dédiée, menée par le Docteur Roger Erivan, ou au CHU. Julie insiste sur « le prélèvement d’organe qui se fait toujours dans le respect du corps du patient. La dimension humaine prime dans chaque intervention ! ». De plus, le dossier et la conformité sont vérifiés et des analyses sont conduites. Le greffon est ensuite sécurisé dans des congélateurs en permanence et dans lesquels il restera, jusqu’à son utilisation.

Lorsque le greffon correspond à la prescription émise par le chirurgien en demande, il est préparé et envoyé sous 24 à 48 heures avant la greffe prévue. Il sera utilisé de nouveau en bloc opératoire, entièrement stérile, lors de la greffe.

Le don de tissus, pour améliorer la qualité de vie

Pour les patients la perspective d’une greffe peut tout changer. A 20 ans, avec une jambe non fonctionnelle, les perspectives d’avenir ne sont pas les mêmes.Il faut savoir consulter au bon moment et envisager la greffe comme recours. « A titre personnel, j’ai conseillé une amie qui avait la jambe fracturée, et souffrait énormément, depuis plusieurs mois. Je l’ai orienté vers le Docteur Erivan. Il l’a prise en charge. Elle a pu remarcher grâce à la greffe. Cette patiente, c’est Jessica Berthet, dont vous avez découvert le portrait ici. 

L’espoir

Julie Veissiaire livre un message d’espoir : « On parle beaucoup de qualité, dans la société actuelle, sous tous ses aspects. Et bien, justement, je crois fermement que le don de tissus, c’est améliorer la qualité de vie. On vit aussi beaucoup dans le mouvement. Il faut imaginer que, pour une banale fracture du poignet, on est contraint. Les patients en attente de solutions, eux, sont dépendants et dans la douleur depuis des mois, parfois des années. Pour beaucoup, c’est un accident qui a bousculé leur vie. Cet aspect soudain, tragique, est très difficile à vivre. Ils veulent retrouver leur vie d’avant et c’est légitime ». La greffe de tissus, pour certains, va être le seul espoir. Le don de tissus devient alors le plus beau geste d’humanité.

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