Professeur Erivan, est-ce que le monde sportif est plus touché par les greffes allogreffes ?
RE : Oui, les greffes multi-ligamentaires concernent à 90% des sportifs ; des skieurs, des motards, des footballeurs, des rugbymen, pour des lésions qui sont très graves et qui surviennent à haute cinétique. Outre les sportifs, le deuxième grand volet concerne des reprises de ligamentoplasties : quelqu’un qui a déjà eu une ligamentoplastie par une autogreffe qui recasse et, à ce moment-là, on utilise une allogreffe. Cela peut être des gens un peu moins sportifs, mais cela peut aussi être des sportifs…

On parle des ligaments, mais il n’y a pas que les ligaments au sein d’Ostéobanque. Quelles sont les autres pratiques ?
RE : Les ligaments à eux seuls doivent représenter 70 à 80 % des greffes. Mais ce ne sont pas les seules. Parmi les autres greffes sur lesquelles il y a le plus de manque, on trouve les greffes de ménisques. Les greffes de ménisques concernent un petit nombre, mais sont très utiles pour les patients. Selon les années, il y en a entre 15 et 50 par an, en France. Mais, pour les patients qui ont cette intervention, cela retarde en moyenne de 10 à 12 ans l’évolution de l’arthrose. Donc la pose d’une prothèse n’arrivera que 10 à 12 ans plus tard, grâce à cette greffe de ménisque. Cela n’est pas négligeable ! Les autres greffes que l’on promeut sont les greffes osseuses. Il y a les têtes fémorales, véritables « greffes historiques », mais qui ont un tout petit volume : une tête fémorale fait entre 40 et 55 mm de diamètre, donc 4,5 cm de diamètre. Ce n’est pas très gros. Et les autres greffes sont les greffes massives, des greffes beaucoup plus longues telles que des fémurs de 20 ou 30 cm. C’est utilisé principalement pour ce qui concerne les tumeurs, les cancers osseux qui ont besoin de grandes résections ou, alors, tout ce qui est post-infectieux : des patients qui ont eu une infection, l’infection a détruit l’os, et a obligé à l’enlever, nécessitant une greffe de ce type.

Sur ce dernier point, Professeur Erivan, il y a déjà beaucoup d’avancées. Là aussi, arrivez-vous à collecter ?
RE : On le fait aussi. Pour ma part, je réalise ce type de greffe sur tout ce qui est reprise de pseudarthrose. Une pseudarthrose, c’est une fracture qui n’arrive pas à consolider. Habituellement, quand cela n’arrive pas à consolider, on est obligé d’enlever l’os qui est « mort » et de prendre de l’os sur le bassin du patient pour pouvoir le greffer. Parfois, cela ne marche pas. Dans ces cas, on utilise des allogreffes. J’en ai pratiqué des dizaines. Par la suite, on fait des suivis spécifiques avec des contrôles scanner pour pouvoir bien voir l’intégration de ces greffes. Cela marche très bien.

Cela permet de retrouver une mobilité pour les patients ?
RE : D’appuyer tout simplement ! De marcher puisque, quand on a une pseudarthrose de fémur, on ne peut pas marcher. Ce type de greffe sert à ça.

Quels sont les objectifs 2024 pour Ostéobanque, Professeur Roger Erivan ?
RE : L’objectif majeur, c’est d’avoir des greffes pour pouvoir soigner plus de patients.